Le Jardin de la Cascade
Aux Aygalades, le ruisseau coule en contrebas de la Cité des arts de la rue. Là, il s’engouffre dans un magnifique jardin de berges, entretenu quotidiennement par les Cascadeurs et Cascadeuses en insertion sociale. C’est grâce à eux que cet écrin est devenu accessible au public. Auparavant, il était enseveli sous les ronces, les gravats et une mauvaise réputation. Mais si l’on remonte un peu plus dans les mémoires et les recherches, ce ruisseau battait de vivacité. C’est pourquoi la cascade des Aygalades est devenue une motivation collective, un symbole rappelant que l’eau qui coule ici ne saurait être réduite à un simple égout.
Des “eaux thermales” du Roi René au chenal d’épuration
Le lieu où se trouve aujourd’hui la Cité des arts de la rue était autrefois l’huilerie-savonnerie "L’Abeille-belle huile", installée dans le jardin d’une bastide appartenant à la famille Falque. Au XIXᵉ siècle, les riches armateurs et industriels marseillais s’y réfugiaient une partie de l’année, profitant de la fraîcheur offerte par ses nombreuses sources et cours d’eau, loin du tumulte et de la chaleur du centre-ville. Construite en 1922, l’huilerie-savonnerie n’a pas toujours morcelé le jardin, qui fut la propriété, au XVᵉ siècle, du Bon Roi René d’Anjou, roi et comte de Provence. On raconte qu’il restaura le domaine pour profiter des bienfaits des “eaux thermales" des Aygalades.
Jusqu’à l’ère industrielle, avant l’arrivée des usines sur ces espaces bastidaires, les jardins mettaient en scène l’abondance des eaux et y reflétaient un art de vivre : cascades scintillantes sous le soleil, lacs et bassins évoquant des miroirs d’une seconde nature. Mais l’industrialisation transforma ces paysages. Le ruisseau devint un chenal d’épuration pour les eaux usées de l’huilerie-savonnerie, un vestige encore visible dans le Jardin de la cascade, parmi d’autres traces d’un passé industriel.
Redonner vie au jardin
L’association pour la Cité des arts de la rue (ApCAR) qui oeuvra jusqu’en 2023 pour la gestion du jardin en même temps que pour celle du site de création artistique, fit le pari de mettre ce jardin à disposition des publics en préservant les objets de mémoire qui le composent ; de sorte à proposer un état des lieux, un tableau vivant d’un de nos patrimoines écologiques. Le ruisseau reflète l'état dans lequel les êtres humains ont plongé le vivant et cela est constitutif de l’esthétique du jardin : une cascade souvent sans eau, des berges à la pollution apparente, des odeurs putrides qui émanent des eaux. Le jardin reflète aussi la volonté de prendre en main son environnement et questionne les moyens à notre disposition. En ce sens, les Arts de la crue ont créé la première cascade artificielle de Marseille. Celle-ci se déclenche à la demande, ce qui provoque bien des discussions et des émotions.
Les chantiers au service du ruisseau
Longtemps oublié, le site a bénéficié d’un premier chantier d’aménagement en 2010. L’Addap 13, les ateliers de Révélations Urbaines et l’ApCAR ont mobilisé un groupe de jeunes pour défricher et nettoyer cet espace envahi par les gravats de la construction de l’autoroute, les ordures et la végétation. Ces efforts ont permis de révéler le jardin au public lors des Journées européennes du patrimoine, le 18 juin 2010. Des marches patrimoniales avec les habitants ont suivi, tissant peu à peu de nouveaux liens entre les populations et le lieu.
Archive : Reportage réalisé en 2013 par les Webtrotteurs des Quartiers, et coordonné par l'association Urban Prod
À partir de 2016, l’ApCAR a lancé un chantier d’insertion dédié à l’aménagement paysager, à la fabrication de mobilier urbain et à l’entretien du site. En collaboration avec les ateliers Sud Side, les Cascadeurs et Cascadeuses ont façonné les berges, aménagé des sentiers, créé un gué et installé des esplanades. L’ApCAR a également mis en valeur le jardin avec des parcelles cultivées et a œuvré à la préservation de la biodiversité en ville, faisant de cet espace un corridor écologique vital dans une zone fortement bétonnée.
Depuis 2023, Lieux publics, centre national et pôle européen de création pour l’espace public, a repris la gestion du Jardin de la cascade après sa fusion avec l’ApCAR.
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Informations pratiques
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Horaires d’ouverture :
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Les mercredis après-midi de 13h à 17h.
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Tous les premiers dimanches de chaque mois (sauf janvier et août) de 10h à 13h30, dans le cadre de l’événement Un Dimanche aux Aygalades.
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Adresse :
Entrée par la Cité des arts de la rue, 225 avenue Ibrahim Ali, 13015 Marseille.
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Une balade sonore immersive
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Une balade sonore permet de découvrir les histoires du ruisseau, du jardin et du collectif des Gammares. Dans le jardin, des panneaux QR codes vous donnent accès à ces récits. Munissez-vous de votre téléphone et de vos oreillettes pour profiter de cette expérience.
Vous pouvez également l’écouter ici : B A L A D E S O N O R E
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